Le CBD (cannabidiol) est un cannabinoïde issu de la plante Sativa L. (chanvre). Non psychoactive, cette molécule est un antagoniste de faible affinité des récepteurs qui composent le SEC (système endocannabinoïde). Elle ne se lie ni aux CB1 ni aux CB2 et elle est en mesure de moduler les effets neurologiques de son cousin, le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol). D’après les scientifiques, le CBD stimule et potentialise notre SEC en activant indirectement ses récepteurs par le biais de la concentration de FAAH et d’endocannabinoïdes. Il en découle alors que le CBD peut conjuguer toutes ses qualités sans modifier notre manière de penser et de ressentir les éléments qui nous entourent. Il ne provoque par ailleurs aucun effet euphorique et anticonvulsif. Il ne mène pas à la dépendance et n’altère en aucun cas l’activité cérébrale.
C’est bien sûr tout cela qui a poussé l’OMS, l’ONU ainsi que l’Union européenne à prendre position en faveur de ce cannabinoïde et qui a notamment incité la France à procéder à sa légalisation. De nos jours, le cannabidiol est dans une vive effervescence et ce phénomène ne semble pas près de s’arrêter d’après les experts. Comment cette molécule a-t-elle connu une telle montée en popularité dans tout l’Hexagone ?
Le CBD, un produit populaire en France depuis son apparition
Si la première utilisation documentée des médicaments dérivés de la plante Sativa L. remonte à environ 2737 av. J.-C., le cannabidiol n’a été découvert qu’en 1940. Une équipe de chimistes de l’université de l’Illinois dirigée par Roger Adams et Alex Todd l’a isolé pour la première fois à cette époque. La même équipe est parvenue à synthétiser le THC.
Il faudra attendre 1963 pour que de nouvelles recherches soient menées sur le CBD. Celles-ci ont été réalisées par le Dr Raphael Mechoulam et ont débouché sur la découverte officielle de la stéréochimie de ce cannabinoïde non psychoactif. L’année suivante, le même scientifique a réussi à découvrir la composition chimique du THC, de même que son rapport avec les effets euphoriques liés à la prise de cannabis. Les résultats de ses recherches ont mené vers la découverte du SEC au terme des années 80. Ils ont aussi permis à d’autres scientifiques de découvrir en profondeur le cannabidiol aussi bien que son cousin psychotrope.
En France, la filière du cannabidiol croît à un rythme exponentiel et pèse de plus en plus lourd. Sa croissance est d’une part portée par les réglementations qui se sont précisées et qui se montrent favorables au CBD sous toutes ses formes. Si la teneur en THC autorisé était fixée à 0,2 % pour les produits finis, elle est passée à 0,3 % depuis la publication de l’arrêté du 30 décembre 2021. Puis, la culture, l’importation et l’utilisation (industrielle et commerciale) des variétés de chanvre homologuées par l’UE se sont étendues à toutes les parties des plantes.
Jusqu’en fin 2021, ces opérations étaient limitées aux seules fibres et graines. Il faut aussi savoir que le Conseil d’État a renoncé au texte légal qui interdisait la vente à l’état brut des feuilles et des fleurs de cannabidiol. Cette décision a profité aux acteurs de la filière française du CBD, car d’après eux, les ventes de fleurs représentent à elles seules une part considérable du chiffre d’affaires généré. L’essor sans précédent qu’a pris le cannabidiol s’explique aussi par la multiplication des recherches scientifiques portant sur ce cannabinoïde.
Elle a permis aux Français de mieux comprendre ce dernier. Par conséquent, la demande ne cesse d’augmenter, ce qui a fait exploser le nombre de points de vente dans toute la France et qui a poussé les marques à diversifier en permanence leurs produits.
Selon le site spécialisé dans la vente de produits à base de CBD Herbiane, la France est le plus grand producteur de chanvre en Europe. Il est troisième à l’échelle mondiale, notamment derrière la Chine et le Canada. Le pays compte de nos jours 18 000 hectares dédiés à la culture de chanvre et plus de 1 300 producteurs actifs au sens de la réglementation nationale/européenne en vigueur.
Interdiction, puis légalisation : la législation autour du cannabidiol
La France et le CBD n’avaient pas une grande histoire d’amour, force est de l’admettre. Le pays a toujours diabolisé cette molécule non psychotrope pour la simple raison qu’elle est issue directement d’une variété de cannabis. Ainsi, bien que de nombreux États de l’UE aient procédé à sa légalisation, l’Hexagone a préféré ne pas leur emboîter le pas. Il faudra attendre le 19 novembre 2020 pour qu’il légalise sa vente et sa consommation sur tout son territoire, quelque temps après que l’UE a jugé illégal le fait qu’il n’autorise pas le CBD sous toutes ses formes. Jusqu’à fin 2021, le cannabidiol était régi par l’arrêté du 22 août 1990. De nos jours, le même cannabinoïde est encadré par l’arrêté du 30 décembre 2021, lequel a été mis à jour au cours de l’année 2022.
Ce nouveau cadre réglementaire veut que les produits finis qui contiennent du CBD soient issus des variétés européennes homologuées de chanvre, dont la proportion en THC est plus basse que 0,3 % et qui proviennent d’une culture légale. Il ne considère comme licite que ceux qui :
- contiennent moins de 0,3 % de THC,
- ne revendiquent aucune allégation thérapeutique,
- ne font l’objet d’aucune action promotionnelle qui entretient l’amalgame entre leur prise et celle du cannabis, laquelle est strictement interdite en France,
- ne mettent pas en avant le cannabis et ses effets récréatifs.
Tous les produits qui respectent l’ensemble de ces conditions, y compris les fleurs et les feuilles brutes, sont autorisés à la vente ainsi qu’à la consommation. Il faut toutefois savoir que la vente des plants demeure formellement interdite, de même que la pratique du bouturage.
De nombreux produits à base de CBD
De nos jours, le CBD est quasiment partout et peut être consommé sous des formes aussi diverses que variées. L’huile figure indubitablement parmi les dérivés de ce cannabinoïde les plus vendus. Il s’agit d’un produit conditionné dans un flacon. Il est apprécié aussi bien pour son authenticité que pour sa pureté. C’est aussi un produit sûr, ce qui est d’autant plus le cas s’il résulte du processus d’extraction au CO2 supercritique.
Une huile de CBD peut être de spectre complet (full spectrum), à large spectre (broad spectrum) ou isolat. La première contient toutes les substances actives présentes naturellement dans le chanvre, dont les phytocannabinoïdes, les terpènes et les flavonoïdes. C’est aussi le cas de la deuxième, à cela près qu’elle ne contient aucune trace de THC. La troisième est quant à elle un concentré de CBD à plus de 95 %. En clair, elle ne contient que du cannabidiol afin de permettre aux consommateurs de profiter pleinement des propriétés de cette molécule.
La fleur de CBD est aussi l’une des stars des produits à base de cannabidiol. Elle est issue d’un plant femelle de chanvre légal et n’est récoltée qu’une fois complètement mature. Ce produit est séché pendant un certain temps après sa récolte. Il a l’avantage d’être naturellement riche en cannabidiol, sans pour autant contenir plus de 0,3 % de THC. Pour cause, il regorge de trichomes de résineux, ces fameuses « usines de cannabinoïdes », dont les substances actives qui se trouvent dans les autres dérivés du CBD sont extraits. Riche en terpènes, la fleur de CBD fait en plus profiter aux consommateurs des arômes caractéristiques du chanvre.
Au-delà de l’huile à base de CBD et de la fleur de cannabidiol, on note également :
- les produits comestibles (bonbons, gummies, chewing-gums, chocolats, biscuits…),
- les produits cosmétiques (crèmes, lotions, pommades…),
- les gélules,
- les tisanes et infusions,
- les cristaux, etc.
Quoi qu’il en soit, le marché français du cannabidiol est encore naissant d’après les experts et bénéficie d’une marge d’évolution conséquente. S’il génère actuellement entre 200 et 400 millions d’euros, il pourrait peser environ 1,5 milliard d’euros dans quelques années.